2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 19:11


Irlande, les Iles d'Aran, Ile d'Inishmaan.
Août 2007


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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 11:11
Après cette escapade de quelques jours à Barcelone, voici maintenant mes petites astuces et bons plans récoltés et appliqués sur place.


LE LOGEMENT

J'ai choisi de loger en auberge de jeunesse pour optimiser mon budget... Il existe des auberges nécessitant d'abord l'achat de la carte d'adhésion aux auberges de jeunesse (environ 25 euros) et d'autres, privées qui n'obligent pas à payer ce droit d'entrée. Le "Gothic Hostel Point" fait partie d'une chaîne d'auberges que l'on retrouve sur Madrid, Marrakech et Gérone. Celle ci se situe dans le vieux Barcelone (la Ciutat Vella), à deux pas du musée Picasso et à quelques mètres de quelques bars à tapas et restaurants bien accueillants et animés. Ce qui n'est pas forcément une bonne chose pour les personnes au sommeil léger... En effet, on assiste au pic d'animation de la soirée et à la fermeture des bars comme si ils étaient dans la chambre... Les dortoirs de 12 sont mixtes mais chaque lit est ingénieusement installé dans une petite mezzanine fermée de cloisons de bois et de rideaux bleus, permettant ainsi une certaine intimité. Chacun dispose dans sa "cabane" d'une lampe de chevet et d'un coffre qui ferme à clef, prévoir cependant un cadenas.  Les sanitaires sont au bout du couloirs et séparés. Chaque hôte dispose d'une carte magnétique pour rentrer dans la chambre et une permanence est assurée toute la nuit à l'entrée de l'auberge. Le drap de dessous et la taie d'oreiller sont fournis, l'auberge loue des couvertures et des serviettes de toilette. Un accès internet payant est possible, accès à une cuisine commune et des services de blanchisserie disponibles. Le prix de la nuit s'élève à 21 euros, petit déjeuner inclus. A savoir qu'en échange d'un coup de main pour les tâches ménagères le matin et en se renseignant à l'accueil, le prix du logement peut être revu à la baisse...



On peut réserver sa chambre et retrouver toutes les informations ici.  Une bonne adresse pour les petits budgets, à l'accueil jeune et sympa. Des sorties Flamenco, Tapas, Gaudi sont organisées certains jours. Des activités sont proposées chaque semaine.

POUR PREPARER SON VOYAGE

Le Guide du Routard est très complet pour Barcelone et donne beaucoup de bons plans comme à chaque fois. On peut compléter ses recherches et ses trouvailles sur le site de l'Office de Tourisme de Barcelone que voici. Outre les informations pratiques et quelques adresses de logement, il détaille quartier par quartier ce que l'on peut voir. On y trouve également des adresses de magasins, de restaurants, de bars et un agenda de sorties et de spectacles. Et enfin, on a la possibilté d'acheter en ligne des "pass", voir plus bas dans les "BONS PLANS". Un blog à la visite enrichissante, celui de  vivre à Barcelone qui donne le point de vue et les bonnes adresses d'un français vivant à Barcelone.

Pour aller jusqu'à Barcelone, vous pouvez y aller aisément en avion par des compagnies low cost comme Ibéria ou Vueling. Sur place, si vous logez dans le centre ville et décidez de ne voir que Barcelone, la marche est le meilleur moyen de découvrir et de parcourir cette ville desservie par métro, tram et bus.

LES BONS PLANS

Metro : on peut acheter une carte T10 valable pour 10 trajets et coutant environ 7,50 euros au lieu de 1,60 euros le trajet unique.

Pass musées : de nombreux pass existent, ils sont repris sur la guide du Routard. Certains bénéficient de 10 % de réduction s'ils sont achetés en ligne sur le site de l'Office de Tourisme de Barcelone. "L'Articket" permet l'entrée au musée Picasso, à la fondation Miro, la fondation Tapiès ( attention, fermée pour travaux jusqu'à avril 2010), la Casa Mila, le Musée National d'Art Contemporain de Barcelone (MACBA), le Centre de Cuture Contemoraine de Barcelone ( CCCB), et le Musée National d'Art de Catalogne (MNAC). Il est valable 6 mois. En l'achetant en ligne, on touche ce pass le premier jour de sa venue dans un des sept musées. On peut aussi l'acheter auprès de l'office du tourisme ou des 7 musées concernés par la réduction.

Budget : Barcelone est telle qu'elle donne envie de pousser chacune de ses portes, de franchir chacun de ses murs. Attention cependant à prévoir le budget en conséquence, rien n'est donné. Cela dit, avec les pass, les petites cartes de 10 % de réduction sur de nombreux sites que l'on trouve dans les restaurants, les bars et les auberges permettent d'alléger la note. Il faut fureter et comparer...

LA VIE A L'ESPAGNOLE

Je n'expliquerai pas ici les horaires de vie des espagnols... Oui, ils mangent tard, se couchent tard et se lèvent tôt... Mais si vous le pouvez, enfin surtout si votre estomac peut suivre le rythme, prenez le temps comme les barcelonais de boire un chocolat à 10h00, ou à 19h00 si vous êtes plutôt du soir. Et attendez 15h00 ou 22h00 pour commencer à chercher un restaurant, c'est ainsi que l'on se retrouve plongé au sein de l'effervescence nocturne tant connue de Barcelone... Continuez la soirée par une balade digestive en appréciant le léger vent qui se faufile dans les rues. Savourez, savourez, savourez...

MES COUPS DE COEUR

Les fèves à la catalane - la Sagrada Familia - la carrer Banys Nous - La Granja - le Marché de la Boqueria - les rues de la Ciutat Vella plongées dans l'obscurité de la nuit - el Raval et ses langues venues de loin - le chocolat chaud - les rues tortueuses de couleurs douces.


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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 15:00
Lors de mon escapade à Barcelone, je suis tombée sur des petites boîtes métalliques aux dessins chatoyants et attrayants dans un magasin aux effluves d'épices, de café et de chocolat. Je n'ai pu m'empêcher d'en ramener pour me rendre compte chez moi qu'elles renferment du paprika, cette poudre rouge profond de piment doux mûr ou de poivron.


Depuis, j'en utilise fréquemment pour relever une soupe ou donner une apparence éclatante  à un plat, pour napper mes patatas bravas d'une belle sauce tomate colorée. Sa saveur est âcre, légèrement relevée, mais rien à voir cependant avec le piment oiseau ou le piment d'Espelette. On peut donc avoir la main lourde sans trop de risques...



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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 15:00
Le thème des photographes du dimanche de ce 22 novembre : fleurs. Voici donc un oeillet déjà vu ici, souvenir de Barcelone.


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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 20:55
Taguée par Alba et ses fleurs, me voici qui me prête à un petit jeu. Sept photos de jaune déjà publiées dans le blog avec leur lien, et sept blogs à taguer en retour. Je triche un peu, le jaune est difficile à trouver dans mes photos, mais les voilà finalement. Je joins aussi le lien de ma tagueuse ainsi qu'il faut le faire.








Les mirabelles de septembre.





















Une rue de la Canée en Crête





















Un tramway dans l' Alfama















Un coucher de soleil à la Salie (photo intégrée dans un collage).













Des muffins à croquer.
















Une station de métro





















Une route en Alaska















Voilà. Et maintenant c'est à ces sept personnes de nous donner un peu de soleil, de couleur, de bouton d'or.

Eau fil de Katel
Mon petit fourbi
Bric à Brac
L'attrape rêve
Thumbelina
Chambre avec vue
Nos instants volés




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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 12:00


Des petites boîtes métalliques délicates au couvercle habillé de fleurs blanches en relief. Des boîtes rondes que l'on aime à empiler dans un camaïeu de verts, de couleurs plus chatoyantes. Des boîtes qui enferment des arômes les plus divers en fonction du nom plein de poésie et d'évasion que l'étiquette arbore : Anastasia, Thé du Matin, Bouquet de Fleurs, Label Impérial, Sencha Yamoto. Des boîtes avec une date : 1867, celle de la création de la maison Kusmi Tea.




Maison fondée à St Pétersbourg, par Pavel Michailovitch Kousmichoff dans un fond de commerce offert comme cadeau de mariage par son ancien patron négociant en thé, ses saveurs sont empreintes des voyages passés, des découvertes du thé à l'anglaise. Ce thé est aussi chargé des pages sombres de l'histoire de la Russie. En 1917 alors que la Révolution éclate, le fils de P. M. Kousmichoff ouvre le premier magasin Kusmi Thé à Paris. Un thé qui voyage, qui évolue au fil des successeurs, des inspirations données par les enfants de chacun.

On trouve donc une grande gamme de thés verts et de thés noirs, pour les goûts de chacun et les différents moments de la journée. Des notes amères d'écorces d'agrumes noyées dans le Troïka, une douceur enfantine s'échappe du Thé vert à l'Amande, un goût surprenant et étrange de fumé domine dans le Samovar.



On trouve deux boutiques Kusmi Tea à Paris, au 56 rue de Seine dans le VI ème et au 75 avenue Niel dans le XVII ème arrondissement. Dans la plupart des grandes villes, on les trouve dans certaines boutiques de thé ou dans les grands magasins.

Et il est toujours possible de se les procurer sur le site de Kusmi Tea, c'est là



Une tasse qui se déguste, allangui sur un canapé.






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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 15:15


photos : link / Dine

Je m'engage sur le chemin des communautés pour en proposer une : "Amande et tasse de thé". Les dimanches après midis sont de plus en plus courts, de plus en plus froids et on reste volontiers chez soi. Les gaufriers sortent des placards, les crépières et les moules à gâteaux aussi. Voici le but de cette commnunauté, partager ses recettes de dimanches après midis, de goûters, de desserts, ses photos de tasses de thé, de  chocolat, de café, bref, que du sucré sous n'importe quelle forme, pour agrémenter son carnet de recettes et ses idées de cooconing. Alors allez y !



photos : link / Dine



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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 19:00


3ème JOUR : LE 22 OCTOBRE 2009

Je me réveille encore une fois au son de la pluie ce matin... Le Musée d'Art Contemporain de Barcelone me donnera un bon abri. La Plaça dels Angels est noyée de pluie et le musée se regarde dans les flaques. C'est un très grand bâtiment blanc à l'architecture épurée qui trône là, contraste évident avec les petites rues alentours dans lesquelles la circulation paraît difficile. Impossible en effet pour deux voitures de passer en même temps et chaque passant y va de son conseil pour aider à la manoeuvre, dans un cafarnaum de klaxons et de protestations... 


L'entrée du musée est supervisée par une oeuvre de Tapiès suspendue au mur. Je suis très curieuse de cette visite, moi qui ne me suis jamais intéressée jusque là aux "arts contemporains".

Tapiès


Je ressortirai d'ici bien déçue malheureusement. Toutes ces oeuvres que j'ai vues, aussi bien photographies, sculptures, montages vidéos que peintures ne me parlent absolument pas. Je reste dans une grande incompréhension à mon grand regret. Mais j'ai beau y faire, essayer de réfléchir un peu, et ensuite d'isoler ce que je ressens face à ce que je vois, rien, aucune sensation si ce n'est un certain malaise devant des images répétées sur un mur blanc... Et pour finir, tout est écrit en espagnol ou en allemand, donc à ce niveau là, aucune chance non plus... Je m'amuse cependant d'une série de photographies réalisées par Eleanor Antin, "100 boots". Elle y met en scène 100 bottes au bord de le plage, dans une rafinerie, sur un chemin de campagne, partout dans les Etats Unis comme des cartes postales de vacances.

Eleanor Antin, "100 boots"


Je ressors donc, charmée malgrè tout par l'architecture époustouflante de clarté, de luminosité et d'espaces libérés.

Il pleut toujours, à grande eau. Tout est gris et calme. Les murs, les rues, les palmiers et les lampadaires sont tout habillés de cette belle lumière de pluie diaphane. Parapluie en main, je me rends à la Sagrada Familia. Sur ma route, je m'arrête dans un petit magasin de bricoles kitches et colorées. Des images pieuses côtoient des photos de lutteurs mexicains, des objets sortis d'un film bollywood, le tout dans des couleurs de rouge, vert, bleu, orange, rose etc... J'y achète deux petite choses pour chez moi.

La pluie redouble d'efforts, le temps pour moi de m'engouffrer dans la Sagrada Familia. Les photos sont très dures à faire, dommage. Cette église se dresse fièrement, accompagnée de ses grues de toujours semble t-il. Sa construction a commencé en 1882. Gaudi meurt en 1926 pendant les travaux qui seront stoppés brutalement en 1936, la Guerre Civile éclate. Cette période sera néfaste à la Sagrada Familia, les plans et une partie des façades sont détruits. C'est en 1940 que la construction reprend, grâce au travail des architectes qui redessinent les plans après avoir miraculeusement retrouvé des maquettes et des croquis de Gaudi. Aujourd'hui, c'est dans un chantier que nous admirons cette construction démesurée, pleine de symbôles. A quoi ressemblait le chantier de Notre Dame de Paris ?


La façade de la Nativité est animée de saints, d'animaux dans des formes rondes, douces et apaisantes. Les visages sont sereins, confiants, des notes de musique pourraient presque s'échapper de la harpe tenue par un ange lors des fiançailles de Marie et Joseph. La façade de la Passion du Christ quant à elle comporte des sujets aux regards tristes, des personnages lassés, fatigués. Les traits sont durs, rectilignes, crus, comment est-il possible de tailler une telle douleur, une telle souffrance dans des blocs de basalte ?


L'intérieur est habillé d'échafaudages parmi les piliers imposants d'une blancheur surprenante. Il fait très clair malgrè l'orage qui commence à gronder dehors. Je me sens totalement submergée par la grandeur qui s'élève avec majesté au dessus de moi, telle la canopée d'une forêt dense. Car on réalise combien Gaudi s'est inspiré de la nature et de ses formes. Ainsi, les piliers sont des arbres solidement enracinés dans la terre, pour s'élever jusqu'au toit de l'église dans de belles et imposantes ramures au feuillage abondant.

Les tours des façades sont faites de bourgeons de fleurs, de crosses en spirale de fougères naissantes, de fleurs de lavande. On trouve beaucoup de sculptures d'animaux marins, de coquillages, de mollusques et de végétaux un peu partout. La forme torsadée d'une feuille lisse a ici inspiré un banc, on remarque des ruches, des entrelas de pois de senteurs, des hyperboles, des boutons de fleur,  des noix de cyprès, des coraux, tout un monde plus ou moins petit pour simple et merveilleuse inspiration. Rien  n'a été changé, il faut juste un peu d'imagination en se baladant.

Tout n'est que courbes, entrelas, vagues, torsades. En continuant la visite, on tombe sur un musée qui reprend ces inspirations, conserve les gravures d'époques, montre une partie des ateliers en activité et explique les différentes techniques employées par Gaudi pour imaginer et dessiner ses architectures.


Cet endroit me fascine. Il y a tant de détails à remarquer, de formes à approcher. Tout est délicat et le résultat d'un travail de titan. Je me laisse envahir par l'atmosphère de grandeur de ce lieu, jusqu'à ma "réimmersion" dehors... Autant je trouvais un charme à cette pluie qui recouvrait Barcelone depuis hier, mais là quand je vois les trombes d'eau qui tombent, je commence à faire preuve de moins bonne volonté et d'un peu plus de scepticisme quant à la suite de ma journée... Heureusement, j'ai mon parapluie et un plan de Barcelone plastifié... Je continue mon chemin, il est 15h00, je commence à avoir faim. Je recherche un endroit où manger, et marche ainsi une demie heure sous une pluie diluvienne digne peut être de la mousson, bien que je n'ai jamais marché sous une pluie de mousson jusque là... Je m'engouffre précipitament dans un restaurant "Can Cargol", l'Escargot. Dire que je suis trempée est un peu faible... J'ai 3cm d'eau dans chaque chaussure, mon jean est si ruisselant que je manque de le perdre en marchant, mes cheveux sont une sculptures d'épis... et je remarque au bout de quelques minutes que je suis le spectacle de la salle de restaurant qui s'est tournée vers moi, me dévisageant avec pitié... Je demande une table et y vide mon sac pour tout faire sécher... Ouf, mes papiers sont un peu mouillés, mais mon carnet de voyage n'a pas trop souffert. Je me réchauffe avec une soupe et des escargots assaisonnés de sel et de poivre seulement. Très bons, mais néanmoins rien, aucun escargot ne remplacera jamais ceux dégustés (enfin, dévorés plutôt...) en Crête cet été... Il me faut maintenant prendre une décision pour le reste de la journée. Je voulais monter au parc Güell pour m'y balader tout l'après midi. Ce qui continue de tomber dehors ne me persuade pas d'y aller, vraiment. Non, j'ai froid, je suis trempée, je ne verrai rien là haut ratatinée sous mon parapluie et impossible de prendre des photos correctes depuis ce matin. Un peu déçue, je file à la station de métro la plus proche. De retour à l'auberge, je m'installe dans la salle commune pour écrire un peu. Je suis entourée d'étudiants en art qui peaufinent et reprennent leurs cahiers de croquis renfermant des dessins de tout ce qu'ils ont vu de leur séjour. J'arrête instantanément mes gribouillis, c'est terriblement vexant et ridicule... Pourquoi ai-je toujours été d'une telle nullité en dessin ? Je me le demande.

Quelques heures plus tard, j'ai très envie d'un chocolat chaud, comme celui d'hier. Il fait nuit désormais, et la pluie s'est un peu calmée, disons qu'elle tombe dans des quantités un peu plus acceptables... Je trouve une Granja près de la ruelle du Paradis, la Buenas Migas. L'endroit est charmant, chaleureux.


Je prends un chocolat chaud et une pâtisserie aux céréales délicieuse. Je reste longtemps assise à ma petite table, à l'abri et à écouter de la pop anglaise. On se croirait presque dans son salon à cooconer... La pluie s'arrête enfin, je vais prendre l'air et retrouve peu à peu l'animation timide des rues ce soir, à cause du déluge d'aujourd'hui sans doute. Pourvu qu'il fasse beau demain...

4ème JOUR : LE 23 OCTOBRE 2009

En sortant de l'auberge ce matin, je constate avec bonheur que le soleil est enfin là quand je lève les yeux au dessus des vieilles pierres du Barri Gothic. Le ciel est dégagé, lumineux, le soleil se reflète dans les rues encore muoillées et brillantes de la pluie d'hier. Je m'élance, une belle journée m'attend je crois... Il est 09h30, la ville s'anime tranquillement. Les granjas sont pleines d'hommes en costume venus savourer un chocolat brûlant, les pâtisseries arborent des plateaux de verre sur lesquels siègent des douceurs en chocolat, aux amandes, aux pignons de pin.


Les bars et les restaurants offrent à la rue leur intérieur prêts à recevoir le ménage journalier après la soirée de la veille, des papiers jonchent le sol, les verres vides sont encore sur les comptoirs. Les boulangers côtoient les balayeurs, les livreurs de primeurs. Les magasins lèvent doucement leur rideau de fer. Une ville s'éveille, tout simplement. La lumière du jour dore timidement les murs et les rues difficiles à réchauffer en ce doux matin d'automne. Tout est d'un calme brillant, presque désert.

Je m'engage dans le passage des Bisbe au dessus duquel a été construit un pont gothique en dentelle de pierre tant l'ouvrage est délicat. J'arrive sur une petite place  dominée par un palmier et un magnolia, la plaça Sant Felip Neri. Une fontaine coule là, apportant une jolie mélodie de clapotis et beaucoup de fraîcheur. Sur ma gauche, une grande porte de bois foncé robuste et solide dissimule un point de lumière matinale dans la pénombre ambiante. Je décide d'y entrer et suis éblouie par une grande luminosité venue du ciel à travers de hauts palmiers. Il règne un parfum de terre mouillée, de cire de cierge, d'encens et de térébenthine. Je me trouve dans les jardins de la Cathédrale encadrés par un cloître de hautes alcôves.


Les magnolias escortent une grande statue de bronze dissimulée dans les feuillages et nimbée d'une douce clarté dans laquelle baigne ce jardin tranquille. Un jardinier prend soin de ce microcosme après le déluge d'hier. Il se dégage une grande sérénité de ce lieu, renforcée par le calme matinal, seulement ponctué de quelques bribes de prières qui s'échappent discrètement des chapelles disposées autour du cloître. Quelques vieilles femmes viennent illuminer les lieux de cierges et autres veilleuses. Je remarque aussi la présence des treize oies occupant le jardin pour honorer la mémoire de Santa Eulalia, morte en martyre à l'âge de treize ans. La cathédrale a été construite au XIII ème siècle. Elle s'érige sur des piliers d'une simplicité et d'une pureté incroyable. Quelques femmes s'y affairent aux poussières des statues et des chapelles.

Je passe par la Plaça Nova et décide à partir de là d'explorer et de passer par chaque petite ruelle qui existe. La tâche risque d'être difficile vue le dédale tortueux et fouilli qui constitue ce quartier... Ainsi certaines rues ne comportent que 5 numéros de maison... Des places pleines de fraîcheur se cachent ça et là, les angles dissimulent des bâtiments aux douces notes de rouge, d'ocre, de jaune. Les murs très hauts pour garder le plus de fraîcheur les jours de grosse chaleur sont habillés de jolis petits balcons.


Aux balustrades de fer forgé et décorés de carreaux de faïence, ils sont à peine assez larges pour accueillir une chaise, une plante grasse. Les bougainvilliers offent encore quelques fleurs roses, mais leur éclat a perdu au profit de l'automne qui arrive tout doucement, presque imperceptible. Les portes de bois foncé et imposant tranchent avec la pâleur des murs, certains escaliers menant à l'entrée des maisons débordent de plantes grasses. J'aperçois de grandes fenêtres dérobées derrière d'imposants barreaux de fer, et quelques fois des vitraux aux grandes bulles de violet, de jaune paille. Ici, chaque porte, chaque pierre témoigne d'une architecture gothique simple, épuré et imposante. Et partout de gigantesques palmiers laissent une empreinte mauresque pleine d'exotisme.

Je badaude le nez en l'air jusqu'à arriver dans El Raval, ancien quartier arabe. Il accueillait les toreros les plus démunis qui descendaient à l'hôtel de "Comercio". C'était aussi le quartier des prostituées et des marins qui peuplaient quelques bars. Aujourd'hui, les senteurs d'harissa se mêlent à celle des épices, des granjas et des boucheries Halal. On y entend des notes de musique orientale, on y parle espagnol, arabe, conférant des airs de médina à ces rues, et me donnant encore une fois l'occasion de rien comprendre...


El Raval est aussi un des derniers quartiers qui résiste face aux projets de remaniement et de modernisation de Barcelone, pour la construction d'hôtel, l'élargissement des rues et la "touristisation" des lieux... Les habitants modestes de ces appartements minuscules subissent de plus en plus de pression pour quitter les lieux, s'installer ailleurs pour laisser la place aux promoteurs. C'est l'âme toute entière de cet endroit qui est menacée. Ici, très peu de touriste, on est plongé dans la vie quotidienne et un peu nostalgique des barcelonais. Alors les gens d'ici s'organisent, s'entraident pour éviter toute menace d'expulsion. Ils ont annexé une vieil immeuble, devenu plus ou moins un squatt, appelé le "Barrilonia" qui accueille des associations de quartier pour donner des cours de dessin aux enfants, récolter des livres pour ouvrir une bibliothèque et se changer en restaurant tous les dimanches midis pour récolter des fonds.


Un peuple qui se bat pour que brûle encore longtemps la flamme de ce quartier où les draps dansent au vent en séchant sur les balcons, cachant même le ciel à certains endroits.

Je n'ai pas bu de chocolat chaud encore aujourd'hui. J'entre dans la Granja M. Viader, ouverte depuis 1870. Le sol est recouvert d'un beau carrelage de fleurs bleues et jaunes en faïence, de vieilles affiches sont accrochées aux murs couleurs crème, les tables de marbre reposent sur de belles ferroneries. C'est aussi une épicerie fine qui propose de la charcuterie, de la crèmerie, des chocolats et d'appétissantes patisseries.


Je déguste mon chocolat épais et corsé, submergée par l'atmosphère animée qui règne à cette heure ci. Le marché est tout prêt, le sol est jonché de cabas et de paniers débordant des denrées achetées à côté. Je me demande toujours comment ils réussissent à obtenir cette texture crémeuse. Le secret réside sans doute dans un petit pot de fer dans lequel le chocolat est fortement battu. Je ressors pour me diriger vers le Mercat de la Boqueria dans lequel je décide de faire quelques emplettes pour mon repas de midi.


Sa structure de verre et de fer façon art nouveau accueille une vérirable fourmilière humaine, mais aussi des étalages croulant sous le poids des fruits, légumes, charcuterie, poissons etc... Ici ce sont des tas de plaques de chocoalt en vrac, là des mosaïques colorées de fruits confits ou rangés dans de grands bocaux. Je croise un étal de champignons, je crois n'en avoir jamais vus autant en un même endroit... Plus loin, c'est un étal surmonté d'un magnifique vitrail tenu par une vieille dame au chignon blanc parfait haut perché.  Le centre du marché est occupé par les poissonniers dont les échoppes sont disposées en cercle. Et un peu partout, on peut boire son café et savourer quelques tapas frais ou des bocadillos au comptoir de bars improvisés.

Partout des scènes de vie classiques de n'importe quel marché mais je me régale malgrè tout. Je me décide pour du pain, des tranches de jambon ibérique, un morceau de fromage et du raisin.

Je ressors sur les ramblas pleines d'une effervescence agitée. Je m'engouffre dans le métro pour aller jusqu'au Parc Güell. Il existe deux façons de s'y rendre et je choisis celle qui me mène en haut du parc après avoir monté une rue interminable à la sortie du métro. Ca monte, ça monte, je m'arrête donc en chemin dans un petit magasin qui embaume l'encens et le reggae. J'y trouve une multitude de petites choses en bois : des boîtes, des bijoux, des décorations à suspendre. Et enfin, me voilà à l'entrée nord du Parc, et mon Dieu quelle vue ! Barcelone s'étend là, allanguie au soleil de ce bel après midi d'automne. C'est magnifique. Les flèches de la Sagrada Familia lézardent, le téléphérique est à peine visible et il flotte des milliers de petites étoiles à la surface de la mer dans le port. Je poursuis ma balade dans cette végétation de terre aride. Ici ne poussent que des plantes grasses, des cactus et des pins. J'imagine les odeurs de ces plantes aux heures les plus chaudes des journées d'été. L'odeur de la résine mêlée à celle de la terre asséchée par le soleil et de la poussière. Le vert de gris environnant est comme un révélateur pour la terre rouge qui balise les sentiers. On entend la rumeur des promeneurs, mais aussi des notes de flamenco, de percussions et de ska, au grè des différents groupes de musique présents sur mon passage. Et puis après avoir marché quelques temps au sein de ce jardin, j'aperçois, presque imperceptibles, les premières galeries de Gaudi. Il s'agit de passerelles faites de terre et de ciment de manière à ce qu'elles évoquent des chemins de grotte. On croirait des constructions de sable mouillé. Chacun de ces passages est occupé de petites niches dans lesquelles on peut s'assoir et se cacher. Je m'installe dans l'une d'entres elles à l'ombre d'un palmier pour savourer mon repas de marché. Je me trouve ainsi face à la maison que Gaudi a occupé pendant 20 ans.

Continuant ma route, je remarque qu'il y a de plus en plus de monde. Je dois approcher de ces famuex bancs de mosaïques. J'arrive en bas des escaliers qui y mènent mais avant, j'admire le plafond de cette forêt de colonnes droites et élancées qui soutiennent cette fameuse terrasse. Tout y est gris très clair, hormis les fresques circulaires de mosaïques qui brillent comme des soleils entre les piliers.

J'arrive en haut, sur cette balustrade de couleurs. Une grande courbe gracile et délicate faite d'un banc unique entoure ce toit. L'ensemble est recouvert d'une mosaïque colorée faite de morceaux d'assiettes, de carrelages, de faïence et de nacre. On croirait un amas de vaisselle cassée laissée là au soleil et qui brille dans une belle harmonie.
J'observe chaque fragment de ce puzzle magnifique, essayant aussi de trouver une place où m'assoir, en vain, il y a beaucoup trop de monde... De là, je peux voir les toits de glace à l'italienne des deux maisons qui gardent l'entrée du parc. Et puis la cour de récréation d'une école maternelle à l'ombre des mosaïques, quel terrain de jeu et d'imagintion pour les enfants ! Je redescends doucement, prenant une photo de ce lézard bien connu aux écailles bleues et orange devant la fontaine. Je fais désormais partie de ces milliers de gens sans doute qui ont immortalisé cette statue...

Je repasse dans le Barri Gothic, dans les ruelles qui entourent l'Eglise Santa Maria del Mar. Je trouve là un torréfacteur dont l'intérieur répand des effluves de café, d'épices, de safran, de fruits confits et de chocolat jusque dans la rue. Tout est rangé dans de grands paniers et dans des tiroirs infinis jusqu'au plafond. La carrer Montcada accueille quelques vieilles demeures aux détails gothiques et moyenageux dont les murs imposants empêchent maintenant le soleil de pétiller dans les rues. Je continue, découvrant les entrelas du quartier de la Ribera. C'est le domaine des artisans, des libraires, des granjas et des petites restaurants.

Sur les murs

J'arrive ainsi au nord de ce quartier, où les rues semblent encore plus tortuées, plus nouées autour de petites places ombragées sur lesquelles beaucoup se retrouvent pour boire un verre, lire, surveiller les enfants qui se lancent dans des courses de vélos effrénées. La vie semble douce et simple ici, le tourisme n'est pas arrivé jusque là. Je tente alors de me faire la plus disrète possible et de régaler mes yeux de tout ce monde qui vit dehors. Je repasse dans la rue Banys Nous traversée quelques fois depuis mon arrivée. Cette venelle est animée de brocanteurs et de restaurants dont les fenêtres des cuisines donnent sur la chaussée, pour le plus grand plaisir d'une bande de petits qui tapent aux vitres hurlant "Que preparado ? Que preparado ? ".


C'est aussi ici que se trouve la Granja "El Caelum", aux notes d'essence de rose, aux airs jazzy et à la vaisselle rondouillarde de crème. Quelques bougies et des pâtisseries dignes des rêves les plus fous. C'est une atmosphère de salon de thé anglais qui se dégage de cet endroit, j'y boirai un chocolat à mon prochain voyage à Barcelone...

Je continue mon escapade, flânant et entrant dans beaucoup de petits magasins. Tout y est caché, il faut fouiller dans des petits paniers, inventant ainsi une chanson de petits bruits métalliques, de clapotis discrets. Des tas de choses colorées, jolies, inutiles, futiles et tellement irrestibles... Des cartes, de la vaisselle, des sacs, des bijoux, des décorations, de tout et encore de tout... Même une échoppe minuscule et perdue tenue par un vieux monsieur, "My Generation's". Un musée presque, regroupant tous les objets que l'on imagine à peine à l'effigie des Beattles, des Doors. J'y trouve même une photocopie d'une entrée de concert pour les Beattles...

Je retourne manger à Taller de Tapas et me brûle presque avec des Pimentos de Padron, revenus dans de l'huile d'olives et parsemés de gros grains de sel. Souvenir d'un voyage en Galice et de la première fois où j'avais gouté ces merveilles fondantes avec J... Tout cela accompagné d'une friture de poissons et de patatas bravas. Un délice. Et pour finir, je marche, je marche, essayant de capter la moindre sensation, le moindre détail pour me forger des tas d'images avant de rentrer... c'est ma dernière soirée à Barcelone.

DERNIER JOUR : SAMEDI 24 OCTOBRE 2009

Le ciel est inondé de bleu ce matin, je vais sur le port que je n'ai vu que de nuit. J'arpente les quais investis par des joggeurs matinaux et des badauds. Une dame vient me parler. Elle ne parle qu'espagnol, je ne comprends strictement rien, m'excuse, et repars avec un bel oeillet rouge qu'elle m'a donnée en échange d'une pièce française de 5 centimes... Encore des palmiers partout, j'en suis fan.


Je lézarde sur un banc, il fait 26°C ainsi que l'annonce à afficheur. Et il est déjà... 13h00. Je ne vois pas le temps passer, les gens ne se pressent pas en cette pemière matinée de week end, mais l'avion à destination de Paris part dans 3 heures.

Je reprends mon sac à dos, refais le même chemin de mon arrivée dans l'autre sens , un oeillet dans la main. Nous décollons, et l'avion part au large sans passer au dessus de cette ville magnifique dans laquelle il était merveilleux et délicieux de se perdre. Nous traversons trois couches de nuages successives avant d'apercevoir la piste détrempée d'Orly. Bouf... J'ouvre la porte de chez moi, et accroche mes cartes, mes boîtes, mes trucs inutiles pleins de couleurs. A l'entrée de la maison, l'oeillet rouge trempe dans un pot bleu ciel. Vive la couleur !








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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 18:57
Thème de ce dimanche 8 novembre 2009, la volonté. La volonté de voir ce qu'il y a là, derrière...






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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 23:01
Une ville berceau de nombreux artistes aux tableaux naïfs, symboliques, révolutionnaires, déchiquetés, cubiques, étranges et passionnants. Une ville à l'architecture pleine de remous, d'ondes et de vagues de couleurs. Une ville qui semble ne jamais vouloir dormir, ni se reposer tant l'effervescence et l'agitation de ses habitants y sont incessantes, intarissables. Une ville au chocolat chaud corsé et puissant. Une ville au port planté de palmiers. Une ville catalane : Barcelone...



Escapade d'octobre 2009



1er JOUR : MARDI 20 OCTOBRE 2009

Cela fait quelques semaines que je prépare ce petit voyage de 4 jours. Tout a commencé par l'achat du Guide du Routard en septembre en me disant que ce serait pour plus tard. Puis sont venus le plan de la ville, "l'Auberge Espagnole" revue pour la 50ème fois dans mon canapé un dimanche après midi pluvieux et pour finir l'acquisition du Moleskine de Barcelone. Il était évident que j'avais toutes les clés en main pour partir...

Je pars de Rennes après avoir passé la nuit chez mon frère. Il est 7h00 du matin, l'air brumeux est dissimulé dans la nuit matinale, je marche vite chargée de mon sac à dos, une petite boule au ventre : 1, je suis toute excitée de partir, 2, j'ai un peu peur de partir , et 3, la SNCF annonce un mouvement de grève pour la journée et mon avion décolle de l'aéroport d'Orly à 12h30. Si je n'arrive pas à temps...

Finalament, à 12h20, je suis installée place 3F à côté du hublot du vol VY 1940 à destination de Barcelone. La carlingue est un peu bahutée, secouée et étourdie par les perturbations et les couches de nuages que nous traversons au moment de la descente et de l'approche de l'aéroport d'El Prat. Je risque un regard par le hublot malgrè ma crispation croissante... et là je découvre la mer piquée de quelques écumes blanches de vagues, et levant mes yeux : Barcelone. Trompettes et confettis au fond de mon ventre lorsque j'aperçois les flèches de la Sagrada Familia gardée par ses grues de hauteur vertigineuse, les rues bien dessinées à l'angle droit de l'Eixample, les labyrinthes de la Ciutat Vella, la colline de Montjuïc, le port etc... Tout ce que j'ai pu imaginer et espérer au fil de mes lectures du Routard, du site de l'office de tourisme de Barcelone et de blogs est là, presque à portée de main. Les rues et les lieux tracés sur mon Moleskine de voyage trouvent enfin leur visage.

Après avoir pris le bus qui me dépose sur la Plaça de Catalunya, je me retrouve plongée dans un brouhaha de klaxons, de circulation de voitures et d'une foule de piétons. Je cherche ma route sur mon plan, et me mets vite à l'abri de tout ce vacarme dans le calme des ruelles de la vieille ville ; c'est dans ce quartier que se trouve mon auberge de jeunesse. Je ne tarde pas à la trouver et suis accueillie chaleureusement. Je rentre dans ma chambre dortoir de douze lits et finis par trouver le mien. Chaque lit est dans un petit cocon réalisé par d'ingénieuses cloisons de bois et des rideaux bleus. Je suis installée dans une sorte de mezzanine en haut de laquelle je hisse mon sac. A chaque fois que j'arrive dans un nouvel endroit, une nouvelle ville, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce qui m'attend, à tout ce qui est là, enfin accessible.

Le Musée Picasso a été installé dans cinq palais construits autour d'une belle cour au milieu de laquelle trône un grand palmier. On accède aux salles en gravissant les marches d'un escalier de pierres imprimé de la couleur nuageuse du ciel de pluie qui règne aujourd'hui, tout est d'une grise douceur. 1700 oeuvres sont mises en valeur ici. On y trouve beaucoup des premiers dessins de Picasso sur papier ou sur bois, comme autant de souvenirs de vacances et de pages de carnet de voyages. Des paysages maritimes, quelques portraits des membres de sa famille. Une grande partie de la collection de l'Epoque Bleue est accrochée là, dévoilant tantôt des visages sereins et tantôt des corps décharnés, comme "Le Fou" peint en 1904.


" J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant ". Nous arrivons ensuite devant des tableaux aux lignes de plus en plus cassées, de plus en plus cubiques comme le "Caballo Corneado" peint en 1907.


Je me sens très émue de me tenir devant ces oeuvres réalisées, touchées du pinceau par Picasso il y a bien longtemps. C'est intime et poignant.



Je décide de continuer ma journée à flâner pour avoir un premier aperçu de Barcelone. Il est 19h00 et les rues semblent chavirer dans une folie d'empressement. Des femmes font leur shopping, des groupes d'amis se retrouvent après le travail, tout ce monde se presse, rit, parle fort dans une langue à laquelle je ne comprends strictement rien. Mais peu importe, elle semble rouler dans le courant d'un torrent glacé de montagne et est en même temps ensoleillée de vacances. Le Mercat Gothic vient de s'installer sur ses étalages dans le quartier gothique. C'est un marché de brocanteurs et d'antiquaires, proposant de jolis souvenirs pleins de poussière et d'images saintes, de crucifix de toutes sortes. Tout brille sous la lumière des lampadaires, en attendant de trouver un acquéreur.



Je continue dans les dédales de ce quartier en quête d'un endroit où manger. Il est 21h00, je sais que c'est encore un peu tôt mais pour un premier jour, cela suffira. L'atmosphère feutrée dégage une douce chaleur apportée par le vent du soir. Il fait incroyablement bon, comme par une belle soirée de septembre au bord de la mer. Quelques airs de flamenco et d'accordéon s'échappent tour à tour des coins de rues, les musiciens jouent dans la nuit de douces complaintes.

"Taller de tapas". Je m'installe à son comptoir qui renferme du poisson frais, des pimentos de Padron, du fromage de brebis et de la tortilla. Je choisis du "bonito en la plancha", une tranche de thon grillée servie avec de la ratatouille presque confite dans de l'huile d'olive. Je dévore ce repas avec un verre de vin rouge fort en goût et en tanin, et je le termine par une crème catalane, l'équivalent de notre crème brûlée. Un délice, je soupire d'aise et discute en anglais avec Luigi, le serveur qui m'a vu ravie de son vin.

Je rentre dans ma cabane, repue et enchantée de cette première journée...


2ème JOUR : MERCREDI 21 OCTOBRE 2009

Je me réveille en entendant l'orage gronder et la pluie battre les fenêtres, je crois que la visite de quelques musées à l'abri s'impose...

Je tente une première expérience dans le métro de Barcelone pour me rendre sur la colline de Montjuïc. Celle ci domine la ville et son port et aurait accueilli une communauté juive au XIV ème siècle. C'est aussi une île de musées perdue au milieu d'une belle et douce forêt de pins. En métro, on y arrive par la Gran Via de les Corts Catalanes, large boulevard avec pour point de mire le Musée National d'Art de Catalunya, superbe bâtiment qui surplombe la ville triste, grise et embrumée sous la pluie incessante.


Je me rends au Caixa Forum, un centre d'art construit dans une ancienne briqueterie dont la cheminée aux tons de tomettes de Provence s'élève dans le ciel. Une exposition dévoilant les origines de l'Islam y est installée et me donne l'occasion d'admirer de belles estampes, gravures, bijoux de dentelle d'or et mosaïques bleues azur. Je fais un tour à la boutique du musée qui propose un large choix de livres de peintures, photographies, sculptures, divers arts graphiques, graffitis. Tout me fait envie...

Je rejoins la fondation Miro en gravissant la colline Montjuïc par les jardins de Maragall. je marche sur des petits sentiers détrempés à l'odeur épicée d'eucaplyptus révivée par l'eau de pluie. Les feuilles vertes brillent de 1000 gouttes, les feuillages gris tombent sous le poids de l'eau de part et d'autre de ma route. Tout est bercé de calme par la comptine de la pluie. Les lampadaires noirs bordant le sentier ont des formes fantômatiques décharnées sous cette pluie. Je marche seule dans ce parc, silhoutte furtive cachée sous mon parapluie noir dégoulinant sous lequel un chat famélique vient se mettre à l'abri... Plic, ploc, plic, plic, il pleut, ça ne s'arrête pas et je suis complètement perdue. J'erre ainsi une bonne demie heure avant d'arriver enfin devant la façade blanche de l'entrée de la fondation Miro. Enfin au sec... Le mur de la première salle est tapissé d'une tapisserie faite de laine colorée, de jute et de jets de peinture. Tout est mélangé dans un chaos de couleurs, j'adore. Puis je découvre les peintures aux formes enfantines, mais pas si naïves que ça à y observer de plus près...

Le temps d'acheter une carte postale et me voilà dehors, constatant avec plaisir que le soleil gagne du terrain sur ce triste ciel de traîne. J'emprunte le funiculaire rouge qui me redescends jusqu'à Paral-el.
Je reprends le métro pour descendre à Passeig de Gracia, la fameuse avenue bordée des maisons toutes droit sorties des rêves et de l'imagination de Gaudi. Mais avant, le musée Tapiès est tout près et je désire aller voir ses oeuvres en "vrai", pour ne les avoir que deviner en photographie sur le tract d'une exposition à Toulon il y a bien longtemps. Malheureusement, les murs de la fondation sont en rénovation et fermés jusqu'à la fin de l'année. Dommage. Mais le repas que je déguste dans une petite brasserie finira de me consoler, avec une salade de fèves chaudes, mijotées, compotées dans de l'huile d'olives et parsemées de morceaux de jambon ibérique. Un pur délice qui remonte ma maigre estime des fèves que j'avais jusque là !!!

Je me promène ensuite le nez au ciel, à l'affût des façades des habitations dignes des rêves d'Alice au Pays des Merveilles tant leur architecture est originale, unique et tellement étrange... Les murs sont surchargés de mosaïques, les balcons arborent les ouvrages en fer forgé les plus étonnants. Tout n'est que douceur des courbes, chaleur des rondeurs et évoque des morceaux d'éponge, des squelettes, des végétaux ou le Nautilus de Jules Verne. J'entre d'abord dans la Casa Mila ou Casa Pedrera, à l'aspect ondulé comme celui du lit d'une rivière.


L'intérieur tout aussi étrange est plongé dans une aura de vert et de rose pastel, que seule la rembarde d'escalier de bois foncé vient animer pour mener jusqu'à la terrasse. De celle ci, on remarque davantage l'étonnante architecture complexe de cette demeure. On se retrouve ainsi sur une sorte de chemin de ronde qui en fait le tour, parmi d'imposantes cheminées en terre cuite. Elles sont presque irréelles, au delà de toute imagination. Et quelle vue sur Barcelone !!!

En redescendant, on s'arrête à l'étage le plus haut pour visiter quelques pièces de vie meublées et décorées d'art moderne. De certaines fenêtres, on aperçoit la forme végétale des balcons ressemblant à l'entrée d'une grotte. Tout est dominé par une belle harmonie de courbes, jusqu'aux fauteuils...

Sitôt sortie de cette habitation, je traverse la rue pour me rendre quelques maisons plus loin à la Casa Battlo, célèbre avec son toit en dos de dragon. Construite entre 1904 et 1906, elle est aujourd'hui encore habitée par les descendants de la famille Battlo.

Ici, on s'imagine vite au fond de l'eau grâce au bleu envoûtant qui domine tout dans un riche camaïeu de carreaux de faïence.

Le plafond est habité d'une goutte d'eau indissoluble aux ondes délicates qui s'en échappent, il ne manque plus que le bruit des clapotis. Les fenêtres sont là, baignées de bulles de verre colorées à leur surface et les vitres transparentes ondulées métamorphosent les murs bleus en plaine maritime douillette.
Cette demeure est parcourue d'une vague gracile infinie et douce. Les murs sont imprimés des mouvements des algues qui dansent avec les courants marins, les piliers qui encadrent les fenêtres sont des fanons, je suis dans les entrailles d'une baleine, éclairées d'une douçâtre lumière. Les balcons des étages supérieurs sont des coraux cachés au fond de l'eau, je traverse des couloirs aux halos d'une lumière blanche incroyablement confortable et chaleureuse.
Il flotte des airs de musique douce et des effluves d'huiles essentielles venus d'on ne sait où. Je me sens bien, à l'aise et subjuguée par cette atmosphère feutré. J'arrive sur le toit en haut duquel je peux observer de plus près ce toit d'écailles de dragon, vertes, bleues et rouille. Le moindre détail est en soit une oeuvre de dégradés de couleurs.

Je redescends peu à peu les escaliers, au fur et à mesure le bleu profond du dernier étage s'estompe pour devenir très pâle, imperceptible.

Je retrouve le Passeig de Gracia et ses tracés de rues rectilignes, comme si un géant avait tendu un fil pour les structurer. Tout le contraire des quelques constructions que je continue de voir ici et là. Je me plonge finalement dans la carrer Banys Nous qui abrite beaucoup d'antiquaires, de brocanteurs et de vieilles librairies. L'air ambiant respire la poussière et le vieux papier jauni, on a l'impression de flâner dans un grenier... Je recherche une vieille affiche de flamenco. Au 4, c. Banys Nous, je m'arrête à la "Granja". Les granja sont des sortes de salons de thé dans lesquels ont sert tout particulièrement du chocolat chaud. Je demande donc un "xocolata" avec une brioche légèrement voilée d'une fine poudre de sucre. On m'apporte une tasse de chocolat à l'aspect crémeux, comme une pâte liquide noire. Le goût est puissant, corsé et chaleureux, plien d'une amertume tenace. Je sens que je vais vite devenir accro à cette boisson que les barcelonais semblent savourer à toute heure. Je suis assise à une petite table de bistro en marbre, il flotte un air jazzy et les murs bleus de Crête et ocres croulent de vieilles affiches et de trésors chinés dans les marchés aux puces. Je décide de passer un peu de temps ici, pour me reposer et écrire un peu mon carnet de voyage.

Je poursuis ma route pour me retrouver tout naturellement sur Las Ramblas, cette célèbre avenue qui traverse le centre de Barcelone. Elle débouche sur le port qui est protégé par une immense statue de Christophe Colomb sur la Plaça del Portal de la Pau. Cette longue avenue arborée et longue de 1200 mètres est le souvenir du lit d'une ancienne rivière. Elle est un lieu de balade nocturne très prisé, il est de coutume d'aller jusqu'au bord de l'eau, de faire demi tour et de reprendre les Ramblas dans l'autre sens. A cette heure ci, le monde et l'agitation commencent à prendre possession des lieux pour le restant de la soirée. Les peintres, artistes et vendeurs de souvenirs espagnols fabriqués en Chine s'installent peu à peu, dans un ballet bien connu et répété chaque soir. Des mimes font rire les passants dont je fais partie, cette animation me rend légère, je me sens bien perdue dans cette foule.
les mimes des Ramblas


Le ciel est complètement dégagé, le soleil pointe encore, qui pourrait croire au déluge de ce matin ? Le port n'est pas loin, la Rambla del Mar non plus, je continue. A mon arrivée, je suis intriguée par des rires de petite fille et des cris de mouettes. Une femme jette du pain à la volée pour les mouettes qui forment maintenant un cercle autour d'elle, pour le plus grand bonheur de la fillette dans sa poussette.

Une passerelle mène jusqu'au Maremagnum, grand centre commercial comme sorti des eaux. Au loin, on aperçoit les câbles du téléphérique qui passe au dessus de la baie pour se rendre jusqu'à Montjuïc. Cette balade dans les airs me tente, mais je suis trop trouillarde du vide pour me lancer, ou plutôt ma balancer dans une petite cabine rouge au dessus de l'eau... Je me contente de regarder le soleil se coucher entre ces fils et ces armatures métalliques aux aspects de petites Tours Eiffel.

Je m'assois ensuite sur un banc au bord de l'eau, avec vue sur la Rambla del Mar dont les alignements de palmiers répondent avec justesse à la forêt de mâts se balançant à quai. Je décide d'écrire un peu mon carnet à la lueur d'un lampadaire. Puis, je repars décidée à trouver un endroit où manger. Dans une toute petite rue, des bruits de verre, des rumeurs de conversation s'élèvent peu à peu. J'arrive alors dans un bar à Tapas comme on en trouve dans le Pays Basque espagnol, cela me rappelle mes premières vacances en Espagne. Les jambons, les chorizo pendent au plafond. Le comptoir est envahi d'assiettes de fromage, de charcuterie et des verres des habitués très nombreux ici. Les barcelonais présents ici sont à l'apéritif. Je commande un verre d'une sorte de rosé pétillant et un bocadillo au lard grillé dans la cheminée juste derrière. Je me régale, ça dégouline le long de mes doigts mais quel délice ! Et quelle euphorie d'être perdue dans un endroit aussi animé. Je finis par discuter avec Roberto qui m'explique que ce bar ci est très prisé par les Barcelonais et très peu connu des autres gens. J'ai eu de la chance de tomber dessus par hasard.

Toute cette animation, ces conversations, ces gens dehors, cette vie nocturne et la douceur du soir (ou plutôt de la nuit vue l'heure avancée) me tiennent éveillée au point que je ne veux pas rentrer. Je marche dans le quartier de la Ciutat Vella et arrive sur une place que je reconnais bien pour l'avoir vu dans "L'Auberge Espagnole", la place Reial. Sa forme carrée est délimitée par de hauts bâtiments style napoléonien aux murs jaunes.

De grands palmiers trônent au milieu et les arcades tour autour abritent de nombreux bars et restaurants. Je me décide enfin à terminer ma journée en rentrant lentement à l'auberge, passant par des petites rues encore non empruntées jusque là. Les lumières dessinent des ombres de gargouilles démesurément grandes sur les murs. Le vent joue avec les feuilles de palmiers qui cachent les lampadaires de temps à autres.

C'est ainsi que j'arrive sur la Plaça del Rei, petite cour intérieure par laquelle on arrive par une seule rue. Je m'assois sur les marches du palais. Quelques notes de musique accompagnent la nuit dans des airs d'Orient au violon. J'écoute, transportée loin, loin par cette douceur. C'est totalement envoûtant, je suis ailleurs en étant déjà ailleurs...




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