11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 19:00


3ème JOUR : LE 22 OCTOBRE 2009

Je me réveille encore une fois au son de la pluie ce matin... Le Musée d'Art Contemporain de Barcelone me donnera un bon abri. La Plaça dels Angels est noyée de pluie et le musée se regarde dans les flaques. C'est un très grand bâtiment blanc à l'architecture épurée qui trône là, contraste évident avec les petites rues alentours dans lesquelles la circulation paraît difficile. Impossible en effet pour deux voitures de passer en même temps et chaque passant y va de son conseil pour aider à la manoeuvre, dans un cafarnaum de klaxons et de protestations... 


L'entrée du musée est supervisée par une oeuvre de Tapiès suspendue au mur. Je suis très curieuse de cette visite, moi qui ne me suis jamais intéressée jusque là aux "arts contemporains".

Tapiès


Je ressortirai d'ici bien déçue malheureusement. Toutes ces oeuvres que j'ai vues, aussi bien photographies, sculptures, montages vidéos que peintures ne me parlent absolument pas. Je reste dans une grande incompréhension à mon grand regret. Mais j'ai beau y faire, essayer de réfléchir un peu, et ensuite d'isoler ce que je ressens face à ce que je vois, rien, aucune sensation si ce n'est un certain malaise devant des images répétées sur un mur blanc... Et pour finir, tout est écrit en espagnol ou en allemand, donc à ce niveau là, aucune chance non plus... Je m'amuse cependant d'une série de photographies réalisées par Eleanor Antin, "100 boots". Elle y met en scène 100 bottes au bord de le plage, dans une rafinerie, sur un chemin de campagne, partout dans les Etats Unis comme des cartes postales de vacances.

Eleanor Antin, "100 boots"


Je ressors donc, charmée malgrè tout par l'architecture époustouflante de clarté, de luminosité et d'espaces libérés.

Il pleut toujours, à grande eau. Tout est gris et calme. Les murs, les rues, les palmiers et les lampadaires sont tout habillés de cette belle lumière de pluie diaphane. Parapluie en main, je me rends à la Sagrada Familia. Sur ma route, je m'arrête dans un petit magasin de bricoles kitches et colorées. Des images pieuses côtoient des photos de lutteurs mexicains, des objets sortis d'un film bollywood, le tout dans des couleurs de rouge, vert, bleu, orange, rose etc... J'y achète deux petite choses pour chez moi.

La pluie redouble d'efforts, le temps pour moi de m'engouffrer dans la Sagrada Familia. Les photos sont très dures à faire, dommage. Cette église se dresse fièrement, accompagnée de ses grues de toujours semble t-il. Sa construction a commencé en 1882. Gaudi meurt en 1926 pendant les travaux qui seront stoppés brutalement en 1936, la Guerre Civile éclate. Cette période sera néfaste à la Sagrada Familia, les plans et une partie des façades sont détruits. C'est en 1940 que la construction reprend, grâce au travail des architectes qui redessinent les plans après avoir miraculeusement retrouvé des maquettes et des croquis de Gaudi. Aujourd'hui, c'est dans un chantier que nous admirons cette construction démesurée, pleine de symbôles. A quoi ressemblait le chantier de Notre Dame de Paris ?


La façade de la Nativité est animée de saints, d'animaux dans des formes rondes, douces et apaisantes. Les visages sont sereins, confiants, des notes de musique pourraient presque s'échapper de la harpe tenue par un ange lors des fiançailles de Marie et Joseph. La façade de la Passion du Christ quant à elle comporte des sujets aux regards tristes, des personnages lassés, fatigués. Les traits sont durs, rectilignes, crus, comment est-il possible de tailler une telle douleur, une telle souffrance dans des blocs de basalte ?


L'intérieur est habillé d'échafaudages parmi les piliers imposants d'une blancheur surprenante. Il fait très clair malgrè l'orage qui commence à gronder dehors. Je me sens totalement submergée par la grandeur qui s'élève avec majesté au dessus de moi, telle la canopée d'une forêt dense. Car on réalise combien Gaudi s'est inspiré de la nature et de ses formes. Ainsi, les piliers sont des arbres solidement enracinés dans la terre, pour s'élever jusqu'au toit de l'église dans de belles et imposantes ramures au feuillage abondant.

Les tours des façades sont faites de bourgeons de fleurs, de crosses en spirale de fougères naissantes, de fleurs de lavande. On trouve beaucoup de sculptures d'animaux marins, de coquillages, de mollusques et de végétaux un peu partout. La forme torsadée d'une feuille lisse a ici inspiré un banc, on remarque des ruches, des entrelas de pois de senteurs, des hyperboles, des boutons de fleur,  des noix de cyprès, des coraux, tout un monde plus ou moins petit pour simple et merveilleuse inspiration. Rien  n'a été changé, il faut juste un peu d'imagination en se baladant.

Tout n'est que courbes, entrelas, vagues, torsades. En continuant la visite, on tombe sur un musée qui reprend ces inspirations, conserve les gravures d'époques, montre une partie des ateliers en activité et explique les différentes techniques employées par Gaudi pour imaginer et dessiner ses architectures.


Cet endroit me fascine. Il y a tant de détails à remarquer, de formes à approcher. Tout est délicat et le résultat d'un travail de titan. Je me laisse envahir par l'atmosphère de grandeur de ce lieu, jusqu'à ma "réimmersion" dehors... Autant je trouvais un charme à cette pluie qui recouvrait Barcelone depuis hier, mais là quand je vois les trombes d'eau qui tombent, je commence à faire preuve de moins bonne volonté et d'un peu plus de scepticisme quant à la suite de ma journée... Heureusement, j'ai mon parapluie et un plan de Barcelone plastifié... Je continue mon chemin, il est 15h00, je commence à avoir faim. Je recherche un endroit où manger, et marche ainsi une demie heure sous une pluie diluvienne digne peut être de la mousson, bien que je n'ai jamais marché sous une pluie de mousson jusque là... Je m'engouffre précipitament dans un restaurant "Can Cargol", l'Escargot. Dire que je suis trempée est un peu faible... J'ai 3cm d'eau dans chaque chaussure, mon jean est si ruisselant que je manque de le perdre en marchant, mes cheveux sont une sculptures d'épis... et je remarque au bout de quelques minutes que je suis le spectacle de la salle de restaurant qui s'est tournée vers moi, me dévisageant avec pitié... Je demande une table et y vide mon sac pour tout faire sécher... Ouf, mes papiers sont un peu mouillés, mais mon carnet de voyage n'a pas trop souffert. Je me réchauffe avec une soupe et des escargots assaisonnés de sel et de poivre seulement. Très bons, mais néanmoins rien, aucun escargot ne remplacera jamais ceux dégustés (enfin, dévorés plutôt...) en Crête cet été... Il me faut maintenant prendre une décision pour le reste de la journée. Je voulais monter au parc Güell pour m'y balader tout l'après midi. Ce qui continue de tomber dehors ne me persuade pas d'y aller, vraiment. Non, j'ai froid, je suis trempée, je ne verrai rien là haut ratatinée sous mon parapluie et impossible de prendre des photos correctes depuis ce matin. Un peu déçue, je file à la station de métro la plus proche. De retour à l'auberge, je m'installe dans la salle commune pour écrire un peu. Je suis entourée d'étudiants en art qui peaufinent et reprennent leurs cahiers de croquis renfermant des dessins de tout ce qu'ils ont vu de leur séjour. J'arrête instantanément mes gribouillis, c'est terriblement vexant et ridicule... Pourquoi ai-je toujours été d'une telle nullité en dessin ? Je me le demande.

Quelques heures plus tard, j'ai très envie d'un chocolat chaud, comme celui d'hier. Il fait nuit désormais, et la pluie s'est un peu calmée, disons qu'elle tombe dans des quantités un peu plus acceptables... Je trouve une Granja près de la ruelle du Paradis, la Buenas Migas. L'endroit est charmant, chaleureux.


Je prends un chocolat chaud et une pâtisserie aux céréales délicieuse. Je reste longtemps assise à ma petite table, à l'abri et à écouter de la pop anglaise. On se croirait presque dans son salon à cooconer... La pluie s'arrête enfin, je vais prendre l'air et retrouve peu à peu l'animation timide des rues ce soir, à cause du déluge d'aujourd'hui sans doute. Pourvu qu'il fasse beau demain...

4ème JOUR : LE 23 OCTOBRE 2009

En sortant de l'auberge ce matin, je constate avec bonheur que le soleil est enfin là quand je lève les yeux au dessus des vieilles pierres du Barri Gothic. Le ciel est dégagé, lumineux, le soleil se reflète dans les rues encore muoillées et brillantes de la pluie d'hier. Je m'élance, une belle journée m'attend je crois... Il est 09h30, la ville s'anime tranquillement. Les granjas sont pleines d'hommes en costume venus savourer un chocolat brûlant, les pâtisseries arborent des plateaux de verre sur lesquels siègent des douceurs en chocolat, aux amandes, aux pignons de pin.


Les bars et les restaurants offrent à la rue leur intérieur prêts à recevoir le ménage journalier après la soirée de la veille, des papiers jonchent le sol, les verres vides sont encore sur les comptoirs. Les boulangers côtoient les balayeurs, les livreurs de primeurs. Les magasins lèvent doucement leur rideau de fer. Une ville s'éveille, tout simplement. La lumière du jour dore timidement les murs et les rues difficiles à réchauffer en ce doux matin d'automne. Tout est d'un calme brillant, presque désert.

Je m'engage dans le passage des Bisbe au dessus duquel a été construit un pont gothique en dentelle de pierre tant l'ouvrage est délicat. J'arrive sur une petite place  dominée par un palmier et un magnolia, la plaça Sant Felip Neri. Une fontaine coule là, apportant une jolie mélodie de clapotis et beaucoup de fraîcheur. Sur ma gauche, une grande porte de bois foncé robuste et solide dissimule un point de lumière matinale dans la pénombre ambiante. Je décide d'y entrer et suis éblouie par une grande luminosité venue du ciel à travers de hauts palmiers. Il règne un parfum de terre mouillée, de cire de cierge, d'encens et de térébenthine. Je me trouve dans les jardins de la Cathédrale encadrés par un cloître de hautes alcôves.


Les magnolias escortent une grande statue de bronze dissimulée dans les feuillages et nimbée d'une douce clarté dans laquelle baigne ce jardin tranquille. Un jardinier prend soin de ce microcosme après le déluge d'hier. Il se dégage une grande sérénité de ce lieu, renforcée par le calme matinal, seulement ponctué de quelques bribes de prières qui s'échappent discrètement des chapelles disposées autour du cloître. Quelques vieilles femmes viennent illuminer les lieux de cierges et autres veilleuses. Je remarque aussi la présence des treize oies occupant le jardin pour honorer la mémoire de Santa Eulalia, morte en martyre à l'âge de treize ans. La cathédrale a été construite au XIII ème siècle. Elle s'érige sur des piliers d'une simplicité et d'une pureté incroyable. Quelques femmes s'y affairent aux poussières des statues et des chapelles.

Je passe par la Plaça Nova et décide à partir de là d'explorer et de passer par chaque petite ruelle qui existe. La tâche risque d'être difficile vue le dédale tortueux et fouilli qui constitue ce quartier... Ainsi certaines rues ne comportent que 5 numéros de maison... Des places pleines de fraîcheur se cachent ça et là, les angles dissimulent des bâtiments aux douces notes de rouge, d'ocre, de jaune. Les murs très hauts pour garder le plus de fraîcheur les jours de grosse chaleur sont habillés de jolis petits balcons.


Aux balustrades de fer forgé et décorés de carreaux de faïence, ils sont à peine assez larges pour accueillir une chaise, une plante grasse. Les bougainvilliers offent encore quelques fleurs roses, mais leur éclat a perdu au profit de l'automne qui arrive tout doucement, presque imperceptible. Les portes de bois foncé et imposant tranchent avec la pâleur des murs, certains escaliers menant à l'entrée des maisons débordent de plantes grasses. J'aperçois de grandes fenêtres dérobées derrière d'imposants barreaux de fer, et quelques fois des vitraux aux grandes bulles de violet, de jaune paille. Ici, chaque porte, chaque pierre témoigne d'une architecture gothique simple, épuré et imposante. Et partout de gigantesques palmiers laissent une empreinte mauresque pleine d'exotisme.

Je badaude le nez en l'air jusqu'à arriver dans El Raval, ancien quartier arabe. Il accueillait les toreros les plus démunis qui descendaient à l'hôtel de "Comercio". C'était aussi le quartier des prostituées et des marins qui peuplaient quelques bars. Aujourd'hui, les senteurs d'harissa se mêlent à celle des épices, des granjas et des boucheries Halal. On y entend des notes de musique orientale, on y parle espagnol, arabe, conférant des airs de médina à ces rues, et me donnant encore une fois l'occasion de rien comprendre...


El Raval est aussi un des derniers quartiers qui résiste face aux projets de remaniement et de modernisation de Barcelone, pour la construction d'hôtel, l'élargissement des rues et la "touristisation" des lieux... Les habitants modestes de ces appartements minuscules subissent de plus en plus de pression pour quitter les lieux, s'installer ailleurs pour laisser la place aux promoteurs. C'est l'âme toute entière de cet endroit qui est menacée. Ici, très peu de touriste, on est plongé dans la vie quotidienne et un peu nostalgique des barcelonais. Alors les gens d'ici s'organisent, s'entraident pour éviter toute menace d'expulsion. Ils ont annexé une vieil immeuble, devenu plus ou moins un squatt, appelé le "Barrilonia" qui accueille des associations de quartier pour donner des cours de dessin aux enfants, récolter des livres pour ouvrir une bibliothèque et se changer en restaurant tous les dimanches midis pour récolter des fonds.


Un peuple qui se bat pour que brûle encore longtemps la flamme de ce quartier où les draps dansent au vent en séchant sur les balcons, cachant même le ciel à certains endroits.

Je n'ai pas bu de chocolat chaud encore aujourd'hui. J'entre dans la Granja M. Viader, ouverte depuis 1870. Le sol est recouvert d'un beau carrelage de fleurs bleues et jaunes en faïence, de vieilles affiches sont accrochées aux murs couleurs crème, les tables de marbre reposent sur de belles ferroneries. C'est aussi une épicerie fine qui propose de la charcuterie, de la crèmerie, des chocolats et d'appétissantes patisseries.


Je déguste mon chocolat épais et corsé, submergée par l'atmosphère animée qui règne à cette heure ci. Le marché est tout prêt, le sol est jonché de cabas et de paniers débordant des denrées achetées à côté. Je me demande toujours comment ils réussissent à obtenir cette texture crémeuse. Le secret réside sans doute dans un petit pot de fer dans lequel le chocolat est fortement battu. Je ressors pour me diriger vers le Mercat de la Boqueria dans lequel je décide de faire quelques emplettes pour mon repas de midi.


Sa structure de verre et de fer façon art nouveau accueille une vérirable fourmilière humaine, mais aussi des étalages croulant sous le poids des fruits, légumes, charcuterie, poissons etc... Ici ce sont des tas de plaques de chocoalt en vrac, là des mosaïques colorées de fruits confits ou rangés dans de grands bocaux. Je croise un étal de champignons, je crois n'en avoir jamais vus autant en un même endroit... Plus loin, c'est un étal surmonté d'un magnifique vitrail tenu par une vieille dame au chignon blanc parfait haut perché.  Le centre du marché est occupé par les poissonniers dont les échoppes sont disposées en cercle. Et un peu partout, on peut boire son café et savourer quelques tapas frais ou des bocadillos au comptoir de bars improvisés.

Partout des scènes de vie classiques de n'importe quel marché mais je me régale malgrè tout. Je me décide pour du pain, des tranches de jambon ibérique, un morceau de fromage et du raisin.

Je ressors sur les ramblas pleines d'une effervescence agitée. Je m'engouffre dans le métro pour aller jusqu'au Parc Güell. Il existe deux façons de s'y rendre et je choisis celle qui me mène en haut du parc après avoir monté une rue interminable à la sortie du métro. Ca monte, ça monte, je m'arrête donc en chemin dans un petit magasin qui embaume l'encens et le reggae. J'y trouve une multitude de petites choses en bois : des boîtes, des bijoux, des décorations à suspendre. Et enfin, me voilà à l'entrée nord du Parc, et mon Dieu quelle vue ! Barcelone s'étend là, allanguie au soleil de ce bel après midi d'automne. C'est magnifique. Les flèches de la Sagrada Familia lézardent, le téléphérique est à peine visible et il flotte des milliers de petites étoiles à la surface de la mer dans le port. Je poursuis ma balade dans cette végétation de terre aride. Ici ne poussent que des plantes grasses, des cactus et des pins. J'imagine les odeurs de ces plantes aux heures les plus chaudes des journées d'été. L'odeur de la résine mêlée à celle de la terre asséchée par le soleil et de la poussière. Le vert de gris environnant est comme un révélateur pour la terre rouge qui balise les sentiers. On entend la rumeur des promeneurs, mais aussi des notes de flamenco, de percussions et de ska, au grè des différents groupes de musique présents sur mon passage. Et puis après avoir marché quelques temps au sein de ce jardin, j'aperçois, presque imperceptibles, les premières galeries de Gaudi. Il s'agit de passerelles faites de terre et de ciment de manière à ce qu'elles évoquent des chemins de grotte. On croirait des constructions de sable mouillé. Chacun de ces passages est occupé de petites niches dans lesquelles on peut s'assoir et se cacher. Je m'installe dans l'une d'entres elles à l'ombre d'un palmier pour savourer mon repas de marché. Je me trouve ainsi face à la maison que Gaudi a occupé pendant 20 ans.

Continuant ma route, je remarque qu'il y a de plus en plus de monde. Je dois approcher de ces famuex bancs de mosaïques. J'arrive en bas des escaliers qui y mènent mais avant, j'admire le plafond de cette forêt de colonnes droites et élancées qui soutiennent cette fameuse terrasse. Tout y est gris très clair, hormis les fresques circulaires de mosaïques qui brillent comme des soleils entre les piliers.

J'arrive en haut, sur cette balustrade de couleurs. Une grande courbe gracile et délicate faite d'un banc unique entoure ce toit. L'ensemble est recouvert d'une mosaïque colorée faite de morceaux d'assiettes, de carrelages, de faïence et de nacre. On croirait un amas de vaisselle cassée laissée là au soleil et qui brille dans une belle harmonie.
J'observe chaque fragment de ce puzzle magnifique, essayant aussi de trouver une place où m'assoir, en vain, il y a beaucoup trop de monde... De là, je peux voir les toits de glace à l'italienne des deux maisons qui gardent l'entrée du parc. Et puis la cour de récréation d'une école maternelle à l'ombre des mosaïques, quel terrain de jeu et d'imagintion pour les enfants ! Je redescends doucement, prenant une photo de ce lézard bien connu aux écailles bleues et orange devant la fontaine. Je fais désormais partie de ces milliers de gens sans doute qui ont immortalisé cette statue...

Je repasse dans le Barri Gothic, dans les ruelles qui entourent l'Eglise Santa Maria del Mar. Je trouve là un torréfacteur dont l'intérieur répand des effluves de café, d'épices, de safran, de fruits confits et de chocolat jusque dans la rue. Tout est rangé dans de grands paniers et dans des tiroirs infinis jusqu'au plafond. La carrer Montcada accueille quelques vieilles demeures aux détails gothiques et moyenageux dont les murs imposants empêchent maintenant le soleil de pétiller dans les rues. Je continue, découvrant les entrelas du quartier de la Ribera. C'est le domaine des artisans, des libraires, des granjas et des petites restaurants.

Sur les murs

J'arrive ainsi au nord de ce quartier, où les rues semblent encore plus tortuées, plus nouées autour de petites places ombragées sur lesquelles beaucoup se retrouvent pour boire un verre, lire, surveiller les enfants qui se lancent dans des courses de vélos effrénées. La vie semble douce et simple ici, le tourisme n'est pas arrivé jusque là. Je tente alors de me faire la plus disrète possible et de régaler mes yeux de tout ce monde qui vit dehors. Je repasse dans la rue Banys Nous traversée quelques fois depuis mon arrivée. Cette venelle est animée de brocanteurs et de restaurants dont les fenêtres des cuisines donnent sur la chaussée, pour le plus grand plaisir d'une bande de petits qui tapent aux vitres hurlant "Que preparado ? Que preparado ? ".


C'est aussi ici que se trouve la Granja "El Caelum", aux notes d'essence de rose, aux airs jazzy et à la vaisselle rondouillarde de crème. Quelques bougies et des pâtisseries dignes des rêves les plus fous. C'est une atmosphère de salon de thé anglais qui se dégage de cet endroit, j'y boirai un chocolat à mon prochain voyage à Barcelone...

Je continue mon escapade, flânant et entrant dans beaucoup de petits magasins. Tout y est caché, il faut fouiller dans des petits paniers, inventant ainsi une chanson de petits bruits métalliques, de clapotis discrets. Des tas de choses colorées, jolies, inutiles, futiles et tellement irrestibles... Des cartes, de la vaisselle, des sacs, des bijoux, des décorations, de tout et encore de tout... Même une échoppe minuscule et perdue tenue par un vieux monsieur, "My Generation's". Un musée presque, regroupant tous les objets que l'on imagine à peine à l'effigie des Beattles, des Doors. J'y trouve même une photocopie d'une entrée de concert pour les Beattles...

Je retourne manger à Taller de Tapas et me brûle presque avec des Pimentos de Padron, revenus dans de l'huile d'olives et parsemés de gros grains de sel. Souvenir d'un voyage en Galice et de la première fois où j'avais gouté ces merveilles fondantes avec J... Tout cela accompagné d'une friture de poissons et de patatas bravas. Un délice. Et pour finir, je marche, je marche, essayant de capter la moindre sensation, le moindre détail pour me forger des tas d'images avant de rentrer... c'est ma dernière soirée à Barcelone.

DERNIER JOUR : SAMEDI 24 OCTOBRE 2009

Le ciel est inondé de bleu ce matin, je vais sur le port que je n'ai vu que de nuit. J'arpente les quais investis par des joggeurs matinaux et des badauds. Une dame vient me parler. Elle ne parle qu'espagnol, je ne comprends strictement rien, m'excuse, et repars avec un bel oeillet rouge qu'elle m'a donnée en échange d'une pièce française de 5 centimes... Encore des palmiers partout, j'en suis fan.


Je lézarde sur un banc, il fait 26°C ainsi que l'annonce à afficheur. Et il est déjà... 13h00. Je ne vois pas le temps passer, les gens ne se pressent pas en cette pemière matinée de week end, mais l'avion à destination de Paris part dans 3 heures.

Je reprends mon sac à dos, refais le même chemin de mon arrivée dans l'autre sens , un oeillet dans la main. Nous décollons, et l'avion part au large sans passer au dessus de cette ville magnifique dans laquelle il était merveilleux et délicieux de se perdre. Nous traversons trois couches de nuages successives avant d'apercevoir la piste détrempée d'Orly. Bouf... J'ouvre la porte de chez moi, et accroche mes cartes, mes boîtes, mes trucs inutiles pleins de couleurs. A l'entrée de la maison, l'oeillet rouge trempe dans un pot bleu ciel. Vive la couleur !








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commentaires

M
Merci pour ce bel article qui nous a donné envie de visiter Barcelone. Nous y avons passé la semaine de Noël et avons été séduits par cette ville magnifique!<br /> En plus nous avons eu un temps de rêve.Nous avons essayé la ballade en segway avec un guide sympa,c'était super!<br /> Bonnes fêtes de fin d'année.
M
Merci pour ce bel article et les photos sont super !!!<br /> Nous arrivons de Barcelone où nous avons passé la semaine de Noël.Nous avons été séduits par cette ville superbe! En plus nous avons eu un temps magnifique.<br /> Nous avons aimé la ballade en segway, c'était chouette.<br /> Bonne fêtes merci encore.
B
J'ai retrouvé avec grand plaisir la beauté et l'atmosphère magique de Barcelone grâce à vos belles photos. J'aime beaucoup les montages que vous faites, c'est du beau travail ;0)
A
<br /> Des couleurs et encore des couleurs. Très beau voyage en photos.<br /> <br /> <br />
B
<br /> Et bien que de jolis photos sur barcelone...<br /> belle ambiance...<br /> <br /> <br />