6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 20:10

DIMANCHE 21 JUIN

Ce matin nous envisageons une petite marche dans la Vallée des Morts, une gorge qui prend naissance non loin du village de Zakros. Cette appellation peu engageante s'explique par la présence d'anciens tombeaux antiques retrouvés dans les parois rocheuses.

La route nous mène à travers la montagne parsemée d'oasis d'oliveraies. Le vert des oliviers semble de jade sur les tapis de paille dorée étendus à leurs pieds. Ils trônent là, parmi les cigales déjà assourdissantes et il règne un fort parfum de terre et d'olive. Cette odeur en est presque entêtante, mêlée à la chaleur qui commence déjà à se faire sentir.  Nous remarquons également un réseau compliqué d'arrosage des champs, l'eau est puisée au sein des sources et chemine ensuite dans des longueurs et des longueurs de tuyaux pour irriguer ces précieux arbres.



Un peu partout, la montagne accueille des villages dont les murs blancs brillent au soleil et cachent des fontaines rafraîchissante à l'ombre d'une petite place, au coin d'une maison. Là où nous passons, le temps semble s'écouler doucement, regardant les gens vivre. Nous arrivons à Zakros dont les terrasses des cafés sont toutes occupées par des hommes jouant à égrainer leurs chapelets en sirotant du raki servi dans de petites fioles de verre.




Nous nous engageons sur le segment du chemin de randonnée qui nous conduira jusqu'à la plage de Kato Zakros, à environ 10 km d'ici, en suivant le lit de la rivière caché au fond des gorges. Nous passons parmi quelques habitations dont l'effervescence des jardins nous surprend. Partout des abricotiers, des amandiers, des grenadiers. Les abricots dorant au soleil ont l'air doux et sucrés, irrésistibles...




Et puis enfin le lit de la rivière, blotti entre les hautes parois de la gorge. L'eau a disparu avec l'arrivée des beaux jours, mais nous suivons un tuyau noir qui serpente sur le chemin, transportant les richesses de la source de Zakros jusqu'à Kato Zakros.Curieux de s'imaginer des hommes construire et faire passer ce tuyau dans cet endroit. Et surprenant de se rendre compte de la variété et de la luxuriance de la végétation : des lauriers en fleur, des platanes et des figuiers qui s'étalent en suivant le cours de la rivière muette ce jour là. Les gorges ont abrité autrefois un village dont il reste quelques ruines qui dorent et paressent au soleil. 



Halte très rapide à Kato Zakros dont nous remarquons les jardins pleins de fraises, de tomates et de pieds de basilic énormes, là, en plein soleil mais qui survivent grâce à de nombreux arrosages journaliers. Nous remontons les gorges dans l'autre sens avant de nous affaler dans un soupir d'aise à la terrasse du café désertée au profit de la salle un peu plus fraîche. A l'intérieur, que des hommes qui jouent encore aux cartes. Je me sens un peu seule au moment d'aller demander un petit quelque chose à boire au patron...

Nous trouvons une pension à Palekastro, ce soir nous passerons la nuit chez Katerina, dame accueillante de sourires et de jus de pêche. La chambre donne sur un patio plein de plantes qu'elle bichonne. Un chat y vient souvent au début de la soirée et semble affectionner les touristes de passage puisqu'il fait des huit entre nos jambes en ronronnant tout ce qu'il peut. Ce sera notre pote de ce soir. Katerina connaît quelques mots de français et nous explique que chez elle, "Ca n'est pas le louxe, mais c'est bien". C'est même parfait. Tellement que nous y ferons une grasse matinée d'un sommeil de plomb...




LUNDI 22 JUIN

Petit déjeuner dans le patio ce matin, toujours accompagnés du chat très bavard. Yaourt de lait de brebis sucré au miel de thym acheté vendredi, je me découvre une nouvelle passion gastronomique. J'en veux des kilos, je ne veux me nourrir que de ça désormais...

Nous retournons de nouveau sur Kato Zakros pour une nouvelle balade, la grotte de Pelekita. Il faut suivre un sentier côtier jusqu'à trouver l'entrée de cette cave à deux heures de marche. Nous partons aux environs de midi, ce qui, nous le savons bien, est franchement débile... Et pour cause, pas de vent, un soleil de plomb et pas un brin d'ombre à la ronde. La grotte dont l'entrée est gardée par un figuier est une aubaine et nous permet de nous rafraîchir un peu...






 La baie de Kato Zakros abrite un bâteau réduit à l'état d'épave dont la coque a été gravement endommagée par les récifs il y a  deux ans. Il transportait des passagers venus de Lybie. Aucune victime à déplorer mais le navire sèche ainsi depuis tout ce temps, faute de moyens pour être découpé.

L'arrivée est la bienvenue, de même que le banc à l'ombre d'un tamaris où nous avons laissé la voiture...



De nouveau sur les routes, nous entamons notre descente vers le sud, en passant par des petites pistes de montagne. Xerokambos, Ziros, Agia Triada, Goudouras, Analipsi, Koutsouras sont autant de noms de villes et de villages à savoir déchiffrer sur les panneaux écrits en grec. Même en s'aidant des noms du Routard transcrits en langue hellénique, ce n'est pas toujours facile et les demis tours sont fréquents...


Encore une série de lacets qui n'en finissent de monter en se tortillant...



Nous nous arrêtons après quelques paysages qui nous laissent sans voix dans la petite ville de Myrthos réputée pour sa douceur de vivre et ses hirondelles qui ne migrent jamais malgrè l'hiver. En effet, la halte est un havre de tranquilité dans lequel nous choisissons une plage pour poser notre tente une fois la nuit tombée. Mais avant ça, une terrasse au calme en bord de mer et un imam baïldi (plat à base d'aubergines fondantes) dans un resto niché au creux d'un patio... à chats.



MARDI 23 JUIN

La nuit a été douce et le petit déjeuner, un rêve...



Beaucoup de route cette matinée là, nous voulons suivre la côte qui s'avère en réalité être trop bétonnée à notre goût. Demi tour et nous retrouvons un nouvel itinéraire dans les terres. Nous passons par le village de Sykologos où le temps paraît s'être arrêter pour de bon. Ici, les hommes sont aux terrasses, les femmes conversent en brodant à l'ombre des ruelles fraîches. On regarde passer le temps, il est si calme et ralenti qu'on pourrait le saisir, le tenir, le posséder. C'est exactement ce que doivent faire les habitants de Sykologos, comme un don qui leur a été donné...




Kato Simi est un village un peu plus haut dans lequel nous décidons d'aller faire le plein de nos cubis d'eau dans une source dont l'eau coule d'une fontaine sur la place principale. Nous trouvons une cascade dont les clapotis vont nous retenir quelques heures le temps de pâtes aux légumes cuisinés à l'huile d'olive et d'une sieste...


Nous continuons en passant par la plaine du Messara qui, avec le plateau de Lassithi, constitue le grenier de la Crète. Grâce aux multiples sources, c'est une mer d'oliviers qui nous accueille, sur laquelle nous roulons sur des pistes poussiéreuses, dont la voiture doit encore se souvenir...



La prochaine étape est Lendas, un village au bord de mer flanqué de deux montagnes. La route est interminable, en lacets qui découvrent puis cachent et relaissent apercevoir la mer qui se reflète dans le ciel. Où commence l'une et où finit l'autre ? Des montagnes arides, découpées, tapissées de thym où se régalent les abeilles. Leur élixir est récolté dans des ruches de toutes les couleurs disposées çà et là.  Nous arrivons enfin à Lendas, village adorable certes, mais adorable de pensions, hôtels et restaurants, et rien d'autre, comme c'est le cas de beaucoup de villes côtières par ici. Impossible de poser la tente ici, c'est évident. Déçus, fatigués, nous faisons un nouveau demi tour en décidant de nous rapprocher de notre étape de demain, on verra où planter la tente. Nouvelle lecture du Guide du Routard concernant Lendas et ses environs, et nous lisons un petit encart décrivant une plage tout près de Lendas sur laquelle on trouverait des hippies et des nudistes. "Contourner la montagne à l'ouest de Lendas, un petit chemin descend etc..." Nouveau demi tour et découverte enfin de cette plage tant attendue et espérée.


Effectivement, quelques personnes sont déjà installées depuis quelques temps sous tente, paréo, branches de palmier, un peu de tout qui puisse constituer un abri. Nous plantons notre tente et savourons la quiétude qui se dégage de cet endroit. Pas de bruit inutile, le tintement des chèvres au loin, la balade des vagues et c'est tout. Le soleil se couche allumant les étoiles et ouvrant la porte à la Voie Lactée. Nous sommes allongés sur le sable encore chaud de la journée, il n'y a rien à dire, rien à penser, si ce n'est que je suis exactement là où j'ai envie d'être à ce moment précis.



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